Ah, l’architecture d’une app iOS.
Vaste sujet qui me préoccupe depuis que j’ai commencé à créer des apps iOS en 2010 (sortie du premier iPad, de l’iPhone 4 et d’iOS 4 !).
À chaque nouvelle app se pose cette question fatidique : quelle archi mettre en place ?
Après tout, c’est un choix important, non ? Une fois l’architecture choisie, impossible de revenir en arrière, n’est-ce pas ?
Mais dites-moi, c’est quoi une architecture ?
Architecture : définition
Prenons la définition du Larousse :
Organisation des divers éléments constitutifs d’un système informatique, en vue d’optimiser la conception de l’ensemble pour un usage déterminé.
Il y a la notion d’ organisation ; il s’agit là d’organiser son code, ses modules, ses frameworks.
L’objectif est d’ optimiser la conception de l’ensemble ; il faut prendre du recul sur tout son code afin de l’optimiser.
Dans le but de répondre à un usage déterminé ; cette notion d’usage, je l’interprète d’un point de vue fonctionnel.
Maintenant que nous sommes d’accord sur la définition ; quelles sont les caractéristiques d’une bonne architecture ?
Une bonne architecture
Je vais reprendre chacune des notions et tenter de déterminer les caractéristiques que je juge en adéquation avec la définition.
Pour rappel, il s’agit de limiter la réflexion au code d’une app iOS. (Même si, en réalité, cette réflexion est applicable à tous logiciels.)
Organisation
Comment déterminer que le code de mon app iOS est bien organisé?
Primo, je trouve rapidement ce que je cherche.
Ex: je dois modifier l’écran de connexion, il doit bien exister un LoginViewController
ou quelque chose comme ça.
Deuxio, je ne me perds pas en cours de route.
Contre-Ex: le LoginViewController
fait quoi exactement ? Dans viewDidLoad
: il configure des singletons (wtf?), modifie des contraintes (wtf??), fait un appel serveur (wtf???) ; il appelle des méthodes sur une super classe pour…je suis perdu je ne comprends plus rien !
Tertio, les dépendances ne partent pas dans tous les sens.
Contre-Ex: LoginViewController
dépend de ClientAPI
qui dépend de Configuration
qui dépend de ClientAPI
, wtf?
Optimiser la conception de l’ensemble
Comment déterminer que la conception est optimisée ?
Primo, je comprends facilement ce que le code fait.
Ex: LoginViewController
a une méthode onLoginButtonTapped()
qui appelle behavior.login()
.
Contre-Ex: LoginViewController
a une méthode buttonTapped(_ sender: NSObject)
qui teste si sender == button1
et qui fait plein de trucs sur 200 lignes avec un niveau d’imbrication au-delà de toute raison et problablement un appel API caché au milieu ?
Deuxio, je retrouve les termes métiers dans le code.
Ex: quand je parle avec les utilisateurs et utilisatrices, ils évoquent des Recettes et des Ingrédients ; dans le code j’ai bien les notions de Recipe
et d’Ingredient
.
Tertio, j’arrive à changer facilement le code.
Contre-Ex: je modifie le login pour améliorer l’expérience utilisateur, je livre, et j’ai 36 nouveaux bugs à des endroits improbables, whaaaat?
Un usage déterminé
Comment déterminer que la conception répond à un usage précis ?
Primo, il n’y a pas de code au cas où.
Contre-Ex: je dois afficher des informations textuelles dans la v1. Je crée un InformationsBuilder
qui accepte une dépendance implémentant le protocole InformationsStrategy
et je crée une classe TextualInformationsStrategy
qui implémente ce protocole.
Autre contre-ex: je vais créer une DSL de configuration de style, au cas où je dois changer le thème de l’app un jour.
Deuxio, il n’y a vraiment pas de code au cas où !
Il m’est déjà arrivé de complexifier le code en essayant d’anticiper les besoins. C’est tentant et motivant de créer du code réutilisable. Mais dans 95% des cas c’est too much.
Mieux vaut dupliquer pour trouver la bonne abstraction que créer une mauvaise abstraction.
Je préfère dupliquer une ou deux fois, puis prendre du recul pour trouver comment factoriser le code, afin de créer des abstractions qui ont une réelle utilité et un véritable sens.
Une bonne conception
Une bonne architecture veut donc avant tout dire une bonne conception.
Une bonne conception respecte les critères que j’ai listés ci-dessus et que je rappelle ici :
- je trouve rapidement ce que je cherche,
- je ne me perds pas en cours de route,
- les dépendances ne partent pas dans tous les sens,
- je comprends facilement ce que le code fait,
- je retrouve les termes métiers dans le code,
- j’arrive à changer facilement le code,
- il n’y a pas de code au cas où,
- le code répond à un usage déterminé.
Je ne vais pas vous le cacher, avoir une architecture qui remplit tous ces critères est très difficile.
Il faut déjà réussir à bien comprendre le besoin, à déterminer précisément l’usage.
Il ne faut pas anticiper des demandes qui n’arriveront peut-être jamais.
Il faut rendre son code compréhensible par les autres humains qui vont le lire (et nous ne sommes pas tous égaux à ce niveau).
Il faut faire face aux particularités des frameworks et librairies qu’on utilise.
Autant vous dire qu’avoir juste du premier coup relève du miracle !
Faire émerger la conception
Mais si je n’arrive pas à avoir juste du premier coup…cela veut dire que je vais devoir changer ma conception en cours de route, la faire évoluer ?
Exactement ! C’est ce que j’appelle faire émerger la conception.
Oh ! Et du coup faire émerger la conception revient à créer…
Une architecture émergente !
Je pars de deux hypothèses pour justifier le fait de faire émerger l’architecture, plutôt que de la figer dans le marbre à l’avance.
- Il est impossible d’imaginer la bonne conception du premier coup.
- Le besoin change.
J’ai déjà détaillé le premier point ci-dessus, passons au second.
Le besoin change
Si seulement les utilisateurs, utilisatrices, clientes & clients arrêtaient de changer tout le temps d’avis ! Cela serait beaucoup plus simple ! Nous aurions un cahier des charges figé et des spécifications fonctionnelles figées. Il nous serait alors si simple de concevoir une app qui réponde exactement à ce qui est demandé. Nous pourrions prendre le temps de bien concevoir, de faire de beaux diagrammes. Puis nous livrerions une app bien conçue et nous passerions à la suivante.
Le rêve quoi !
Vraiment ?
Nous savons que ce n’est jamais le cas. Qui a déjà vécu cette situation, honnêtement ?
Le besoin change !
Pourquoi change-t-il ?
Car créer un logiciel est principalement un travail de communication, de compréhension et d’empathie.
Entre ce que l’utilisateur a en tête, ce qu’il explique, ce que la développeuse comprend et ce qu’elle exprime par code ; les risques de mauvaise interprétation sont légions ! (Ajoutez quelques intermédiaires entre les deux personnes et vous multiplierez ces risques. Coucou les Product Owner & Proxy Product Owner & Proxy Proxy Proxy…)
Ce n’est pas forcément le besoin réel qui change, c’est notre compréhension qui évolue ! Il nous arrive (souvent) de mal comprendre le besoin réel. Au fur et à mesure que nous créons et livrons le logiciel, nous apprenons des feedbacks ! Et nous devons refléter cette compréhension dans notre code.
Conclusion
Bonne architecture veut dire bonne conception.
Avoir une conception juste du premier coup est impossible car le besoin change, notre compréhension de celui-ci change.
Il faut donc être capable de faire évoluer cette conception, de la faire émerger.
Pour cela, nous devons nous assurer que nous ne cassons rien au passage.
Et pour ne rien casser…on fait comment ?
Je vous en parle dans le prochain article. 😉
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