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Sylvain
Sylvain

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De développeur à luthier, histoire d'une reconversion

Voilà un peu plus d'une année que je n'ai écrit une ligne de code ! Je vais y revenir promis, mais à temps-partiel uniquement.

Pourquoi à temps-partiel ? C'est une longue remise en question qui a débutée en juin 2023 et j'aimerais en apporter le témoignage. Laissez-moi vous raconter l'histoire…

Depuis plus de 15 ans je suis développeur informatique. J'ai travaillé en TPE, dans un grand groupe, en tant qu'indépendant, puis dans une start-up. Mais comme cela arrive souvent, la start-up subit un (et même plusieurs) mauvais coups et met la clé sous la porte.

C'est ainsi que je me retrouve licencié économique en juin 2023. Je pourrais, étant donné le marché du travail dans mon domaine et mon expertise, retrouver rapidement un poste mais je décide de profiter de la période de chômage pour sortir la tête du guidon et prendre un peu de recul.

Et ce que je découvre n'est pas beau ! Ça craint !

Bien qu'aimant mon job, je me rends compte que je ne suis absolument pas épanoui. J'aime coder, développer, voir un projet évoluer et prendre forme, mais les conditions de travail me rendent malades :

Je ne supporte plus d'être assis toute la journée derrière un écran, ça me rend aigri, le soir je suis complètement sous tension, la tête prête à exploser.

Au fil du temps, mon corps développe toutes sortes de troubles musculo-squelettiques, j'ai en permanence mal aux mains, aux coudes, au dos, aux hanches et aux genoux.

Tous les soirs, je passe plus d'une heure à effectuer des exercices de mobilité et d'étirement pour réussir à atténuer la douleur. Sans quoi je ne dors pas la nuit. Tout ce temps, je pourrais le passer avec ma famille ou profiter de mes loisirs.

En journée je me rends à mes séances d'orthoptie parce qu'à force de fixer un écran en permanence, mes yeux ont développé un strabisme et une incapacité à se relâcher. J'ai les yeux lourds et mal au crâne du matin au soir.

Je me rends subitement compte que mes deux bébés sont des ados. Je ne les ai pas vu grandir.

Et en plus, j'ai 45 ans, l'heure de la crise !

Dans le cadre de mon licenciement, j'intègre le Contrat de Sécurisation Professionnel de Pole Travail (j'ai commencé avec l'un, terminé avec l'autre) qui délègue la tâche à la société Solerys.

A ce moment-là, je suis complètement paumé. Je ne sais plus où je suis, ni où je vais. Ni dans quel état j'erre (j'ai le droit au "dad jokes", j'ai l'âge et les enfants requis). J'ai un dégout profond des écrans, je ne regarde même plus la TV. Impossible pour moi de m'imaginer retourner dans l'informatique.

Dans le brouillard total, je tourne en rond, je ne sais quoi faire. Ou plutôt, je sais trop quoi faire mais dans quelle direction me tourner ? Entre rêves inassouvis et nombreux centres d'intérêts, je me dis pourquoi pas ? Mais quoi ?

Lors de mon suivi, j'ai la chance de tomber sur une consultante à l'écoute et ouverte (coucou Lydie). Lorsqu'elle me demande si j'ai des projets, je me surprends moi-même à lui en sortir toute une liste :

  • Faire de la photo, une de mes passions laissée à l'abandon faute de temps
  • Capitaliser sur mes études scientifiques (BAC+5) pour revenir dans ce domaine
  • Me professionnaliser au niveau du sport (je suis animateur bénévole dans un club d'arts-martiaux)
  • Trouver une activité en lien avec la musique (passionné de guitare)
  • Me lancer dans un métier manuel, tiens pourquoi pas en rapport avec la guitare (je me souviens à cette occasion être passé plusieurs fois devant des ateliers de luthier en soupirant "pourquoi pas moi ?")

S'ensuit un accompagnement, avec bilan de compétences, profil psychologique, recherche d'un point d'accroche entre mes centres d'intérêts, mes qualités, mes aspirations et un éventuel projet professionnel.

Et peu-à-peu, celui-ci se dessine, la balance penche de plus en plus vers la lutherie.

C'est ainsi que je me retrouve en formation dans un atelier de facture instrumentale jusqu'en aout 2024. Et c'est le bonheur total. :-)

Des instruments de musique pendus au plafond dans un atelier de lutherie
Ambiance au centre de formation

Photo illustrant des moules utilisés pour fabriquer des guitares
Une belle collection de moules

Photo illustrant le cintrage d'une éclisse
Un pan coupé qui m'a donné du fil (ou plutôt du bois) à retordre

Photo illustrant un ciseau à bois affleurant un filet dans une rosace de guitare
Affleurage d'un filet de rosace

Photo illustrant un collage au ciel
Collage au ciel

Photo illustrant les barrages de table d'harmonie dans une guitare
Présentation de la table d'harmonie sous les éclisses. Ne paniquez pas les puristes, les barrages ne sont pas encore ajustés ni scalopés

Photo illustrant une vielle à roue de 1742 et sa réplique exacte
Une très vieille vielle (1742) et sa réplique en vue de conservation

Photo illustrant le collage des filets d'éclisse sur une guitare classique
Collage des filets avec la technique ultra moderne et sophistiquée des "bouts de scotch"

Photo illustrant le chanfrein de confort d'une guitare classique
Chanfrein de confort

Photo illustrant un luthier travaillant au racloir
On s'occupe du sillon interfessier de la guitare (vocabulaire très officiel, il va sans dire)

Photo illustrant le profilage d'un manche de guitare
Profilage du manche

Photo illustrant l'emboitement du manche sur la caisse
Emboitement du manche sur la caisse

Photo illustrant le talon de la guitare
Décoration du talon en érable pour la continuité avec les filets

Photo illustrant le talon de la guitare
Décoration du talon en érable pour la continuité avec les filets

Photo illustrant une guitare assemblée mais pas encore terminée
Ça semble presque terminé, mais comme en informatique, quand c'est presque fini, ça ne fait que commencer !

Photo illustrant l'usinage d'un chevalet de guitare
Usinage du chevalet

Photo illustrant le chevalet terminé
Le chevalet prêt à être posé

Photo illustrant le collage du chevalet
Collage du chevalet (la guitare a été vernie entre temps)

Enfin, nonobstant l'éloignement de ma famille (ce n'est pas à côté de chez moi) et les frais considérables, en moyenne 500€ par mois pour le logement et le carburant. Quand on vit sur les allocations chômage, ça pique. Mais toucher son rêve du bout du doigt mérite bien quelques sacrifices, n'est-ce pas ?

J'y apprends le travail du bois, les bases de la fabrication d'instruments, en commençant petit (Ukulélé), puis viennent les guitares classiques et électriques. J'y vois aussi des techniques de réparations/restauration. Du réglage, mais ça je savais déjà faire. J'y découvre des instruments que je connaissais peu (balalaïka, bouzouki, vielle à roue) et d'autres qui m'étaient parfaitement inconnus (Nickelharpa).

J'apprends, je découvre, j'explore et je crée. Mes activités préférées en somme. Je me rends d'ailleurs compte que c'est aussi, au départ, ce qui m'avait poussé dans le développement logiciel. Ce n'est pas coder qui m'attirait, mais apprendre de nouvelles techniques, les appliquer pour construire quelque chose de nouveau. Observer un logiciel "pousser" sous mes yeux. Et avec le recul, je me rends compte que c'est la même pour la photo et l'enseignement des arts-martiaux : apprendre et appliquer ce que j'ai appris pour construire quelque chose de nouveau !

Aurai-je découvert mon Ikigaï ?

Mais voilà, le temps de la formation est révolu, mes pieds redescendent lentement sur terre. Il me reste 3 mois d'allocations chômage et je sais pertinemment qu'il me faudra du temps avant d'être rentable en tant que luthier et avoir une activité pérenne.

Je reviens donc à la réalité : un travail que je sais faire qui paie bien et la lutherie comme complément. D'autant que ma conjointe est elle-même artisan et deux métiers indépendants pour une famille avec enfants, c'est trop dangereux. On en a fait les frais pendant la crise du covid (j'étais Freelance à cette époque), autant assurer un minimum de sécurité pour au moins l'un des deux.

Voilà pourquoi, après une année de remise en question, je suis de nouveau à l'écoute d’opportunités, à partir du mois de décembre et à temps-partiel uniquement.

Dans le développement informatique de préférence, puisque c'est mon domaine d'expertise, mais après tout, je reste réceptif à d'autres propositions, cette dernière année ayant eu l'effet de considérablement m'ouvrir l'esprit.

Mon atelier de lutherie est en cours d'aménagement, on m'a déjà confié une guitare à restaurer et j'en ai une en cours de fabrication (pas une commande malheureusement, c'est pour exposer).

Mais d'ici à ce que ça m'occupe à plein temps, il y a, je pense, matière à ce que je participe activement à d'autres projets. 😉

Un développeur qui fabrique des guitares, qui a des rêves et se donne les moyens de les réaliser, ça vous intéresse ? contactez-moi !

Un luthier qui a l'esprit cartésien, le sens du détail et l'esprit d'analyse d'un développeur informatique, ça vous intéresse ? contactez-moi aussi, c'est le même mec !

Bien merci à toi qui a tout lu jusqu'ici !

Ah, et oui, zut : like, partage et tout ça, hein.

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