Peter Thiel est un milliardaire trĂšs puissant dans la Silicon Valley. Membre de la mafia Payal avec Elon Musk, il est devenu riche en tant que premier investisseur de Facebook avant de fonder Palantir Technologies, qui aide la CIA, NSA, FBI et la DGSI dans leurs programmes de surveillance de masse.
Peter Thiel est aussi l'auteur du livre "Zero to One" oĂč il partage son opinion trĂšs claire et trĂšs personnelle sur l'utilitĂ© des monopoles
Editor Note: I am now cross-posting all my english and french content on DEV.to and on my website https://jmfayard.dev/
Jâai rĂ©cemment Ă ma grande surprise crĂ©Ă© un dĂ©bat en Ă©nonçant ceci
âFacebook est en situation de monopole illĂ©galâ.
Alors je mâattendais Ă ce que soit la partie âillĂ©galâ qui fasse rĂ©agir, parce que câest vrai, pour le prouver formellement, il faut des annĂ©es et des armĂ©es dâavocats payĂ©es Ă un prix dâor.
Et clairement ce nâest pas ni mon domaine de compĂ©tence, ni ce qui mâoccupe. Tout le monde savait en 2000 que Microsoft Internet Explorer Ă©tait en situation de monopole illĂ©gal officieux, mais cela a mis des annĂ©es avant que la commission europĂ©enne parvienne Ă en fair la dĂ©monstration.
Microsoft Corp. v. Commission (2007; T-201/04)
Mais non, câest sur le concept mĂȘme que Facebook, et les rĂ©seaux sociaux en gĂ©nĂ©ral, aient une situation de monopole, qui a fait rĂ©agir.
Et pour le coup câest trĂšs simple, parce que câest parfaitement assumĂ©.
Peter Thiel notamment ne sâen cache pas le moins du monde.
Qui est Peter Thiel ?
Peter Thiel est un idéologue et un milliardaire de la silicon valley.
Il sâest fait connaĂźtre pendant le boom de la silicon valley, Ă un moment oĂč lâhumanitĂ© venait de parvenir Ă unir ses forces pour accoucher dâune rĂ©volution : lâInternet et le Web.
La Californie, câest le pays des ruĂ©es vers lâor. Que ce soit au dix neuviĂšme, la ruĂ©e vers lâor dĂ©crite par Charlie Chaplin. Ou plus tard, la ruĂ©e vers lâor du cinĂ©ma dâHollywood (dont Charlie Chaplin). Ou la rĂ©volution des semi-conducteurs. Et Ă la fin des annĂ©es 90, une quatriĂšme ruĂ©e vers lâor, celle de lâĂ©conomie de lâinternet et du web.
Pour ârĂ©ussirâ Ă ce moment crucial, il suffisait de pas mal de volontĂ©, de chance, et dâune idĂ©e du type :
- le web, câest rĂ©volutionnaire (vrai)
- les gens ont besoin dâune banque (vrai)
- je vais crĂ©er une banque sur internet (lâidĂ©e).
Câest le moment oĂč Elon Musk, Peter Thiel et dâautres crĂ©ent une banque sur internet appelĂ©e X.com (dĂ©jĂ en 1999). X.com sera renommĂ©e Paypal, et deviendra ensuite une filiale de Ebay, au gran damn de ses fondateurs qui espĂ©raient mieux, mais câĂ©tait la crise de la nouvelle Ă©conomie.
La Mafia Paypal nâest pas devenue trĂšs riche sur ce moment, mais elle sâest serrĂ©e les coudes et lâest devenu par la suite.
La Mafia Paypal a jouĂ© un rĂŽle dĂ©cisif dans lâĂ©mergence des rĂ©seaux sociaux tels quâon les connait aujourdâhui, de Facebook - et donc Instagram, YouTube, Ă LinkedIn, Reddit et rĂ©cemment Twitter, depuis renommĂ© Ă nouveau X.com, lâancien nom de Paypal.
Peter Thiel a par la suite fondé Palantir Technlogies, une société de surveillance de masse.
The company's name is derived from The Lord of the Rings where the magical palantĂri were "seeing-stones," described as indestructible balls of crystal used for communication and to see events in other parts of the world.
Mais ce qui nous intĂ©resse ici, câest que
- Peter Thiel est devenu trĂšs riche en tant que premier investisseur chez Facebook.
- Peter Thiel est un âlibertarianâ qui nâhĂ©site pas Ă assumer ses idĂ©es publiquement, souvent bien tranchĂ©es parce que câest un âcontrarianâ qui va Ă lâencontre du dogme de lâair du temps. Il a par exemple soutenu Donald Trump ouvertement, financiĂšrement et sans complexe.
Ses idĂ©es font parfois polĂ©mique, comme cette citation sur lâeffet nĂ©gatif de lâĂ©tat providence et du droit de vote des femmes :
"Since 1920, the vast increase in welfare beneficiaries and the extension of the franchise to women â two constituencies that are notoriously tough for libertarians â have rendered the notion of âcapitalist democracyâ into an oxymoron" Source
En lâoccurence, il dit que la citation a Ă©tĂ© prise hors de son contexte et mal interprĂ©tĂ©e. Soyons fair play, et admettons.
Revenons Ă son livre.
Peter Thiel : Zero to One
Aujourd'hui on va donc se concentrer sur ses Ă©crits, son livre Zero to One, oĂč le contexte est clair. Et oĂč la suite dans les idĂ©es lâest tout autant puisquâil est devenu riche en tant que premier actionnaire de Facebook.
Je vais me baser sur ce résumé trouvé aprÚs une recherche intense de 2 secondes sur Google.
Je pense que le rĂ©sumĂ© qui est fait dans cet article est âfair and balancedâ, mais nâhĂ©sitez pas Ă me prĂ©venir en commentaires si vous le trouvez biaisĂ©.
Prenez un moment pour le lire.
Peter Thiel : Monoplies are good for societies
Que peut-on y apprendre ?
Les investisseurs préfÚrent les sociétés profitables
Thiel observes that anyone starting a company needs to decide what kind of company to start. Of course, thereâs only one kind of company thatâs worth starting: a profitable one. To be profitable, your company needs to create something of value and monetize a portion of the value that it creates.
Ce que Peter Thiel dit câest que les investisseurs prĂ©fĂšrent les entreprises rentables, et tout le monde est dâaccord.
Quâest-ce quâune situation de monopole ?
In economic theory, âperfect competitionâ happens when there are many suppliers of a given product and there is no appreciable difference between their products. Thiel says classical economists consider this an ideal situation because the market is governed completely by supply and demand: If demand increases, prices will rise, motivating suppliers to increase production or new suppliers to enter the market. If supply overshoots demand, prices will fall and suppliers will cut back or go out of business. So in the long run, supply and demand remain perfectly in balance.
When supply and demand are perfectly in balance, suppliers are just breaking even on production costs, not making a profit.
Ce que Peter Thiel Ă©nonce ici, cela nâest rien dâautre que la thĂ©orie Ă©conomique de la concurrence pure parfaite qui date de 1921.
Dans une situation de âconcurrence pure parfaiteâ, lâoption dâaller voir ailleurs chez un concurrent fait que les marges sont faibles voir nulles.
Ce quâil dit est aussi en cohĂ©rence avec lâanalyse politique mainstream.
Les Robber Barons et la régulation anti-trust
Alors bien sĂ»r, la concurrence parfaite nâexiste pas dans la nature, les entreprises vont vouloir fausser la concurrence pour moins en subir les effets autant que faire se peu. Et partant de pouvoir amĂ©liorer leurs marges. Les Robber Barons - industriels de grand chemin - ont marquĂ© lâhistoire du XIX aux Etats-Unis en faisant exactement cela.
https://en.wikipedia.org/wiki/Robber_baron_(industrialist)
Câest exactement pour cette raison que les Ătats-Unis ont inventĂ© la rĂ©gulation anti-trust moderne, et nâont pas hĂ©siter Ă dĂ©manteler leurs plus grandes entreprises, Ă commencer par Standard Oil.
https://en.wikipedia.org/wiki/United_States_antitrust_law
Depuis lâĂšre Reagan, les Ătats-Unis sont en retraits dans lâapplication des rĂšgles anti-trusts, mais elles nâont jamais Ă©tĂ© abolies.
Et lâUnion EuropĂ©enne a pris le relais de lâautre cĂŽtĂ© de lâAtlantique depuis.
Jusque lĂ , on est donc dans lâanalyse mainstream.
Peter Thiel apporte quelques précisions.
Lying About Competition
Ce que Peter Thiel veut dire ici, câest que la situation de monopole est trĂšs mal comprise.
Si il y a un seul restaurant anglais dans une ville, ce nâest pas une situation de monopole. La bouffe anglaise, tout le monde sâen passe trĂšs bien, et ne va pas hĂ©siter Ă aller voir dans un autre restaurant dĂšs que lâopportunitĂ© se prĂ©sente. Et pourtant le restaurant anglais va claironner quâil est le seul de la ville.
Lâinverse est Ă©galement vrai.
Une boite en situation de monopole ne va jamais dire quâelle lâest, parce que, ben la rĂ©gulation anti-trust existe, et que ce serait quand mĂȘme ballot de lâavouer direct.
Par exemple, Apple ventera devant ses investisseurs le succĂšs phĂ©nomĂ©nal de lâiPhone, mais si la commission europĂ©enne venait Ă lâinterroger, elle dirait que lâiPhone nâest quâun modĂšle de smartphone parmi des milliers, alors comment diable pourrait-il y avoir une situation de monopole ?
La rĂ©ponse bien sĂ»r est que lâApple Store ET Google Play sont en situation de duopole sur le marchĂ© des smartphones.
Mais Ă nouveau, Apple et Google savent que la lĂ©gislation anti-trust existe tant aux US que dans lâUE, et ils ne sont pas assez bĂȘtes pour sâauto-incriminer Ă lâavanceâŠ
Mais Peter Thiel, lui, est un âcontrarianâ qui nâa pas sa langue dans sa poche.
AprĂšs avoir Ă©noncĂ© de maniĂšre sobre lâanalyse mainstream, il va inverser complĂštement la conclusion qui en est habituellement tirĂ©e.
Monopolies Are Better for Society
Thiel observes that many Americans see monopolies as a bad thing, because the American economy is based on capitalism, and they associate capitalism with competition. He asserts that this viewpoint is flawed: The profit motive is what drives capitalism, and monopolies are the only type of business where long-term profits are possible.
Ce que dit Peter Thiel ici, câest que le capitlisme est une bonne chose, quâil est basĂ© sur la volontĂ© dâinvestisseurs comme lui dâavoir de larges profits Ă long termes. Il pense que les monopoles sont les seuls types de business qui apportent cette garantie. Il trouve donc dommageable la mauvaise rĂ©putation quâont les monopoles.
Il donne des exemples concrets de ce que la situation de monopole permet
- payer davantage ses salariés
- prendre des dĂ©cisions en faveur de lâenvironnement
Ok, donc il y a des avantages et des désavantages à la situation de monopole.
Des mauvais exemples historiques
Thiel concedes that not all monopolies are created equal. If a company manages to corner the market on the supply of a necessary resource and then arbitrarily raises prices, the company prospers at societyâs expense. Understandably, historical instances of this have given monopolies a bad name, especially when companies cornered the market through dishonest means.
Câest lĂ quâon voit que Peter Thiel nâest pas stupide, parce que les contre-exemples de monopoles qui ne sont pas bons pour la sociĂ©tĂ© sont faciles Ă trouver.
Vous connaissez les RĂ©publiques BananiĂšres de Costa Rica, Honduras et Guatemala ?
https://fr.wikipedia.org/wiki/United_Fruit_Company
On sait ce qui distingue le bon hard rock du mauvais hard rock.
Qâest-ce qui distingue le bon monopole de Peter Thiel du mauvais monopole ?
Thiel contends that this can only happen in a static market. Vertical progress redefines markets and makes new resources available, so monopolies are always temporary. If you create a monopoly by inventing a revolutionary technology, your monopoly will only last until someone else invents a technology that eclipses it.Â
The knowledge that your monopoly is temporary should motivate you to invest your profits in developing other new technologies. This kind of creative, technological monopoly that both drives and facilitates technological advancement is what Thiel advocates.
On sâen doutait, lâinnovation, pardi !
Sans Facebook et les autres on en serait encore Ă lâĂąge de pierre.
Ceci dit, il y a un dĂ©tail dans cet article qui pour moi torpille entiĂšrement son argument que le monopole dĂ©coule sur de lâinnovation.
La bataille des brevets logiciels en Europe
Thiel brings up the subject of patents, remarking that patents exist because the government recognizes the value of temporary, creative monopolies. The opportunity to secure years of monopoly profits provides incentive to invest in research and development. And the incentive is recurrent because the patent is temporary. And even if patents werenât temporary, every technology has the potential to be eclipsed by a better one.
Comment protéger le logiciel ?
Dans les années 2000, il y a eu un gros bras de fer entre
- les partisans du status-quo, du systĂšme basĂ© sur le droit dâauteur (comme pour les Ă©crivains)
- les rĂ©volutionnaires qui voulaient introduire les brevets logiciels (comme cela se fait dans lâindustrie)
Il parait difficile de croire quâun dĂ©bat aussi abscons oĂč tout le monde dit dĂ©fendre lâinnovation ait pu dĂ©clencher les passions. Et pourtant les diffĂ©rences sont significatives :
- dans le cadre dâun brevet logiciel, câest lâĂtat qui accorde un monopole sur une idĂ©e. âPour un temps limitĂ©â, ce que les opposants trouvent aberrants vu la vitesse Ă laquelle lâinformatique Ă©volue.
- dans le cadre du droit dâauteur, on peut sâinspirer des idĂ©es des autres, on se contente de demander aux autres de ne pas plagier directement notre travail. Insuffisant dâaprĂ©s les partisans des brevets. Les opposants rĂ©torquants que un seul logiciel peut violer des milliers de brevets, et que seuls les avocats en sortiraient gagnants.
Au final, pourquoi changer un systĂšme qui marche pour un systĂšme potentiellement aussi dangereux pour lâinnovation ?
Peter Thiel se prĂ©sente comme libertarian opposĂ© Ă lâintervention de lâĂ©tat, comme chantre de lâinnovation technologique.
OĂč est la cohĂ©rence Ă dĂ©fendre le systĂšme des brevets dans le domaine du logiciel ?
Et bien elle est simple, lâidĂ©e mĂȘme dâun brevet câest que lâĂ©tat garantit un monopole aux investisseurs pour une durĂ©e limitĂ©e, ce qui est plus lucratif, mais au-delĂ de cela, Peter Thiel pense que câest une bonne chose pour la sociĂ©tĂ©.
Sur ce point, la démocratie en a décidé autrement.
La querelle des brevets logiciels en Europe a Ă©tĂ© tranchĂ©e. Les arguments des brevets logiciels nâont pas convaincu, ils ont Ă©tĂ© rejetĂ©s clairement au parlement europĂ©en, et on est restĂ©s au systĂšme du droit dâauteur.
Top comments (2)
Bon travail encore avec cette article. Câest claire que vous avait investissez bcp recherche et travail [overall / holistically].
Peut etre on peut dire que, au moins, il est honnette par leur [greed]?
En tout cas, encore, bon travail donc. Merci pour nous enseignez!
Ah ça c'est sĂ»r, Peter Thiel est extrĂȘmement honnĂȘte et transparent sur ce qu'il veut.
Il faut le prendre au sérieux et réfléchir si on est d'accord avec cela ou non.